Heureux celui qui arrive à bon port,

Qui laisse derrière lui les mers et les tempêtes

Dont les rêves sont morts ou jamais ne sont nés

Et qui s’assied, qui boit, à l’auberge de Brème

Près de l’âtre, et se sent en paix.

Heureux celui comme une flamme éteinte,

Heureux celui comme le sable des estuaires

Qui a posé le fardeau, s’est essuyé le front

Et repose au bord du chemin.

Il ne craint rien, ni n’espère, ni n’attends,

Mais regarde, fixement, le soleil qui se couche.

Primo Lévi